dimanche 31 mars 2002

Pâques en Provence 2002 à Digne-les-Bains

La cour de la gare de Crest est en effervescence : des voyageurs aux vêtements bariolés se rassemblent sous l’horloge. Les flashes crépitent. Les conversations roulent beaucoup autour de trains, comme il se doit dans une gare ! Mais, là, c’est celui que devront maintenir deux équipes de cyclotouristes durant une douzaine d’heures en direction de Digne-les-Bains. L’une est composée de six adultes : elle va effectuer une “Trace Vélocio”. La deuxième est forte de quatre équipiers : trois jeunes, Sylvain, Marianne, Jeanne, et André, le capitaine. L’âge du capitaine ? Top secret ! Cette équipe-là participe à une Fléchette Vélocio. Programme simple : nous devons rouler douze heures en parcourant au moins 150 kilomètres. L’itinéraire envisagé en fait environ 200 pour une dénivellation de plus de 2000 mètres ... Sur ce type de tracé, l’horaire est difficile à établir.

A Divajeu, le jour se lève. L’équipe de la Fléchette assure le train : je suis rassuré. Ma crainte était un départ canon. Mais là, c’est bon, l’équipe de la Trace reste prudemment dans les roues. Au tout nouveau Col de Lunel, les jeunes Chabeuillois passent groupés en tête. Petit arrêt à Saou : les “traceurs” nous doublent à toute allure et disparaissent dans les longues lignes droites vallonnées qui suivent. Nous effectuons la jonction avec l’équipe passablement éparpillée à Bourdeau. Les adultes chabeuillois s’arrêtent pour un regroupement. Nous abordons la deuxième ascension : Crupies, Bouvières ... Nous sommes un peu en avance sur le planning : petite pause casse-croûte. Dans la dernière partie du Col de la Sausse, nous pensions apercevoir l’autre équipe : rien ! Nous ne la reverrons que ce soir, au camping.

Le col est franchi dans la foulée : Sylvain est ravi, c’est une première pour lui. Première aussi la descente des Gorges de Trente Pas, mais expresse ! Le 2ème contrôle est prévu à St-Ferréol. Cinq cyclos sont sur le pas de la porte et s’apprêtent à partir. Facile d’obtenir le tampon, il est en libre service sur la table de la cuisine ! Nous repartons avec les cyclos de Feurs dans la roue, nous roulons un peu vite à mon goût. La pause déjeuner sera à Sainte-Jalle : nous y serons débarrassés d’une portion de Nationale impossible à éviter. Les cyclos de Feurs restent à une centaine de mètres en arrière. Règle élémentaire de sécurité dont devraient s’inspirer nos camarades de club !

Nous prenons d’assaut le Col de Peyruergue par un long faux plat, la remise en route est un peu laborieuse. La notion de “capitaine de route” devient de plus en plus floue : chaque équipier ou équipière assure les relais efficacement. Une vraie équipe, quoi ! Du sommet du col, on voit le beau village de St-Auban-sur-Ouvèze. Un petit quart d’heure et nous y sommes. Mais qui voilà en bas, sur la route qui vient du Buis ? L’équipe de Feurs toujours remarquablement groupée : ils ne participent ni à une Flèche, ni à une Trace : ils font du tourisme ... mais pour eux, hier, le compteur a atteint 245 kilomètres !





Jonction dans la grimpée du Col d’Aulan. Au sommet, le Ventoux apparaît. Nous avons toujours une demi-heure d’avance, nous serons au contrôle de Montbrun avant midi.









Dans les gorges du Toulourenc, une voiture nous dépasse : petit coup de klaxon, immatriculation 93 : cela sent le contrôle secret ! Effectivement, à l’entrée de Montbrun, Suzanne et Georges Lepertel nous attendent au bord de la route. C’est amusant : il nous semble les connaître depuis toujours, pourtant, c’est seulement la troisième fois que nous les rencontrons. Ils nous donnent des nouvelles de la trace chabeuilloise.





Nous sommes à mi-parcours, nous prenons la direction de Ferrassière. Il est l’heure de trouver un coin pour le repas de midi, le cahier des charges spécifie que l’on devra pouvoir contempler le Ventoux et le village de Montbrun, et être à l’abri du vent du sud. Finalement, après un kilomètre d’ascension, nous privilégions l’abri car il ne fait pas très chaud !


Après 40 minutes d’arrêt, le départ est un peu poussif, la route qui conduit au Plateau d’Albion est raide. Le vent du midi a grimpé sur l’échelle Beaufort et gêne notre progression. Le “plateau” est très vallonné, il convient de bien gérer notre allure et de ne pas nous laisser emporter par l’enthousiasme dans les descentes ! Relais, et encore relais ... Tiens, un changement de revêtement ? Nous arrivons dans les Alpes de Haute Provence. Un coup d’oeil sur la carte pour nous situer parfaitement. Le paysage est un peu gris, il n’y a pas encore de fleurs. Nous roulons à presque 1000 mètres d’altitude : le printemps n’est pas encore monté jusque là. Heureusement une caravane de cyclos hollandais met une touche de couleur grâce à des sacoches étonnamment colorées.

Revest-du-Bion, Banon. Revoilà la circulation automobile ... Aux portes de Forcalquier, les cyclos de Feurs nous rejoignent. La circulation devient pénible à supporter. Nous perdons notre route dans le village de la Brillane. Un peu de portage dans la rue des Escaliers et nous retrouvons notre itinéraire. La traversée de la vallée de la Durance est désagréable et dangereuse : route étroite et forte circulation. Nous n’avions pas le choix.






Heureusement, après, c’est l’accès à une route paradisiaque : nous rejoignons la superbe voie matérialisée par deux traits noirs que j’avais repérée sur la Michelin. C’est plat, en lisière de forêt. Pas une voiture. Si la chaussée était plus large, nous pourrions rouler à quatre de front !





L’équipe progresse à 20 - 22 km/h, l’objectif est visible : nous l’apercevons au bout de la vallée, au pied du col. Nous avons une vingtaine de minutes d’avance sur l’horaire. Tout à coup, j’ai faim. Je voudrais tenir jusqu’au contrôle de la Bégude-Blanche dans trois kilomètres. Mais non, ce n’est pas possible, il faut que je mange ! Je fouille fébrilement dans ma sacoche de guidon, et j’en sors quelque chose de mieux qu’une pépite d’or : un tube de crème de marrons !

Avant d’aller faire tamponner les cartes, toute l’équipe calme une grosse faim générale. Il est 17h 30. La Bégude était le terme prévu de la Fléchette du Cyclo-Club-Chabeuillois.
192 km, il nous en reste 8 pour atteindre le camping. Nous roulons maintenant sur une route plus importante : je compte maintenant les kilomètres, non pas à cause de la fatigue mais à cause des voitures. Camping la Célestine : 17h 51 et 200km tout rond ! Très rapide concertation, il reste 9 minutes, de quoi atteindre le village suivant... mais il y a les “bagnoles” : le choix est vite fait : nous préférons terminer sur une bonne impression.
Et le lendemain, à Digne, l’Audax Club annonce le meilleur kilométrage : 203 kilomètres.
Un peu de regret certes, mais nous avons déjà la coupe de l’année dernière ... A chacun son tour !




André Peyron